mercredi 12 décembre 2012

Le diptyque de la Malédiction paternelle : 1. Le Fils ingrat (1777, huile sur toile, 130 cm x 162 cm, Louvre) et 2. Le Fils puni (1778 huile sur toile 130 cm x 162 cm, Louvre)


Histoire des arts – arts, ruptures et continuité – Le renouveau de la peinture au XVIIIème siècle : Influence du théâtre et des philosophes des Lumières sur la peinture.


Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) et Denis Diderot (1713-1784)
Le théâtre de la peinture – La morale de la peinture


   Le Fils ingrat est le premier élément du diptyque de La malédiction paternelle. Un fils, issu d’une famille paysanne sans ressources, s’est enrôlé dans l’armée, abandonnant les siens. Dans un dernier effort, son père le maudit devant la famille terrorisée. Lorsque le fils revient (Le Fils puni) toute la famille est en train de pleurer la mort du père. 
 
   Greuze reprend le thème biblique du Fils prodigue qui se trouve dans l'Évangile selon Luc du Nouveau Testament. Mais Greuze change la fin de l'histoire : dans l'évangile selon Luc, le père ne meurt pas, au contraire il est heureux du retour de son fils et lui prépare une fête, ce que l'ainé ne comprend pas. La parabole se finit sur l'explication du père : « il fallait festoyer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et il est vivant, il était perdu et il est retrouvé. »


   Ce diptyque met en évidence l'incompréhension dramatique d'êtres qui s'aimaient. Il est lourd de souffrances qu'il n'est plus possible d'apaiser.
Greuze donne donc, avec ces deux tableaux, une leçon de morale. Pour que le spectateur retienne cette leçon, il utilise une stratégie : l'émotion.



   En prenant pour thème cette scène instructive, qui porte à la vertu, Greuze rencontrait le goût tout neuf pour la morale du sentiment et contrastait aussi avec le plaisir et l’insouciance de la peinture rococo (ci-dessous, à gauche : Boucher
 
François Boucher, Vulcain présentant à Venus des armes pour Énée, 1757

C'est l'avènement en peinture d'un genre sentimental. Le tableau doit émouvoir et en même temps éduquer à la bonne morale. Greuze se fait l'illustrateur de cet univers d'honnêteté.
Denis Diderot par Louis-Michel van Loo, 1767.
Cette morale en image enchanta Diderot :

Je sacrifierais volontiers le plaisir de voir de belles nudités, écrivait Diderot, si je pouvais hâter le moment où la peinture et la sculpture plus décentes et plus morales songeront à concourir avec les autres beaux-arts à inspirer la vertu et à épurer les mœurs» Diderot, Pensées détachées sur la peinture, la sculpture, l’architecture et la poésie (1776).

Greuze était donc, selon Diderot, le premier à avoir donné un début de réalisation à ce programme, qui rapprochait la peinture des arts dramatique et narratif (le théâtre), qui poursuivaient des objectifs identitiques ; « le premier qui se soit avisé de donner des mœurs à l’art et d’enchaîner des évènements d’après lesquels il serait facile de faire un roman. » Diderot, Salon de 1765


Les « Salons » : un lieu d'exposition


   Mais une peinture, une image, n'est ni un roman, ni une pièce de théâtre : le temps s'y déploie différemment. Les peintres représentent à cette époque des « arrêts sur image ». Il faut donc bien choisir les positions et les actions de chaque personnage ! 

 
Greuze : études pour les expressions.
 









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  • L’œuvre de Denis Diderot, 1713-1784 (co-auteur de L’Encyclopédie, au milieu du XVIIIe siècle)

Mme Bierne


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