Histoire
des arts – arts,
ruptures et continuité – Le renouveau de la peinture au XVIIIème
siècle : Influence du théâtre et des philosophes des Lumières
sur la peinture.
Jean-Baptiste
Greuze (1725-1805) et Denis Diderot (1713-1784)
Le
théâtre de la peinture – La morale de la peinture
Le
Fils ingrat
est le premier élément du diptyque de
La
malédiction paternelle.
Un fils, issu d’une famille paysanne sans ressources, s’est
enrôlé dans l’armée, abandonnant les siens. Dans un dernier
effort, son père le maudit devant la famille terrorisée. Lorsque le
fils revient (Le
Fils puni)
toute la famille est en train de pleurer la mort du père.
Greuze
reprend le
thème biblique du Fils prodigue qui se
trouve dans l'Évangile selon Luc du Nouveau Testament. Mais
Greuze change la fin de
l'histoire : dans l'évangile selon
Luc, le père ne meurt pas, au contraire il est heureux du
retour de son fils et lui prépare une fête, ce que l'ainé ne
comprend pas. La parabole se finit sur l'explication du père :
« il fallait festoyer et se réjouir, parce que ton frère que
voici était mort et il est vivant, il était perdu et il est
retrouvé. »
Ce
diptyque met en évidence l'incompréhension dramatique d'êtres qui
s'aimaient. Il est lourd de souffrances qu'il n'est plus possible
d'apaiser.
Greuze
donne donc, avec ces deux tableaux, une leçon de morale. Pour que le
spectateur retienne cette leçon, il utilise une stratégie :
l'émotion.
En
prenant pour thème cette scène instructive, qui porte à la vertu,
Greuze
rencontrait le goût tout neuf pour la morale du sentiment et
contrastait
aussi avec le plaisir et l’insouciance de la peinture
rococo
(ci-dessous, à gauche : Boucher)
François
Boucher, Vulcain
présentant à Venus des armes pour Énée,
1757
C'est
l'avènement en peinture d'un genre
sentimental.
Le tableau doit émouvoir et en même temps éduquer à la bonne
morale. Greuze se
fait l'illustrateur de cet
univers d'honnêteté.
Denis
Diderot par
Louis-Michel van Loo, 1767.
|
Cette
morale
en image
enchanta Diderot
:
“Je
sacrifierais volontiers le plaisir de voir de belles nudités,
écrivait Diderot, si je pouvais hâter le moment où la peinture et
la sculpture plus décentes et plus morales songeront à concourir
avec les autres beaux-arts à inspirer la vertu et à épurer les
mœurs» Diderot,
Pensées détachées sur la peinture, la sculpture, l’architecture
et la poésie (1776).
Greuze était donc,
selon Diderot, le premier à avoir donné un début de réalisation à
ce programme, qui rapprochait
la peinture des arts dramatique et narratif (le théâtre),
qui poursuivaient des objectifs identitiques ; « le
premier qui se soit avisé de donner des mœurs à l’art et
d’enchaîner des évènements d’après lesquels il serait facile
de faire un roman. »
Diderot,
Salon
de 1765
Les
« Salons » : un lieu d'exposition
Mais
une peinture, une
image, n'est ni un roman, ni une pièce de théâtre : le temps
s'y déploie différemment.
Les peintres représentent à cette époque des « arrêts sur
image ». Il faut donc bien
choisir les positions et les actions de chaque personnage !
Greuze :
études pour les expressions.
Liens
possibles avec les autres disciplines :
Liens
avec votre programme de français :
Le Théâtre
: faire rire, émouvoir, faire pleurer.
Liens
avec votre programme d'histoire :
L’Europe des Lumières - Au XVIIIe siècle, les philosophes
et les savants mettent en cause les fondements religieux, politiques,
économiques et sociaux de la société d’ordres.
- L’œuvre de Denis Diderot, 1713-1784 (co-auteur de L’Encyclopédie, au milieu du XVIIIe siècle)
Mme Bierne