Réalisé par l'architecte Daniel Libeskind, le bâtiment a été construit à Berlin entre 1993 et 1998 et
inauguré en septembre 2001. Il propose 3000 m2 d’exposition. Il s’agit d'un musée retraçant 2000 ans d'histoire juive en
Allemagne.
Daniel Libeskind fait partie des représentants les plus innovateurs du dé
constructivisme.CONTEXTE :
Un
premier musée exposant la culture juive est fondé à Berlin en 1934
à Oranienburger
Strasse, mais sera
fermé en 1938 pendant le régime nazi. L'idée de la réouverture
d'un tel musée en Allemagne apparaîtra en 1971, puis prendra forme
en 1975 à travers la naissance d'une association qui promeut ce
projet. En 1978, à la suite d'une exposition sur l'histoire juive,
le musée de Berlin ouvre un département spécial. Un concours est
lancé en 1989. Le bâtiment est livré en 1999, mais aucune
collection n'y est présentée au début. Il faudra attendre un
deuxième concours pour que les collections puissent être
transportées depuis le Martin-Gropius-Bau où elles étaient
stockées de manière provisoire. Certains affirment qu'il est
surchargé par une scénographie qui présente des milliers d'objets
de natures diverses. D'autres sont fascinés par la grande richesse
de ses collections exposant beaucoup d'éléments de la culture
juive, depuis ceux de la vie courante jusqu'à certaines pièces
uniques. Il sera finalement inauguré en 2001.
bâtiment
du XVIIIe siècle, il est lui-même en rupture avec son environnement
hétérogène de friches, d’arbres, d’HLM des années 1960… Vus
d’avion, ses volumes s’opposent à l’orthogonalité
constructive traditionnelle, ils dessinent une étoile de David
déconstruite. Les Berlinois appellent cette construction « Blitz »
car cette ligne brisée aux
arrêtes vives
peut faire songer à un éclair. Des
structures similaires sur la façade et à l'intérieur rappellent,
telles des cicatrices, les souffrances des juifs allemands.
Vue aérienne le musée Juif et le KollegienHaus |
maquette du musée |
salle intérieure |
Le musée
est constitué essentiellement de béton brut pour sa structure et de
métal pour l’enveloppe en zinc
monoxydé dont la couleur est particulièrement vulnérable et
altérable avec le temps. Les façades
sont
entaillées de baies étonnamment peu habituelles. Ces fentes longues
et étroites sont
des obliques aléatoires qui
créent des lignes de lumière à l’intérieur du bâtiment et
accompagnent les parcours prédéterminés des visiteurs. Elles sont
plus des incisions graphiques que fenêtres. Des lignes de rivets les
soulignent en pointillé.
Ce qui est le plus remarquable de l’extérieur, c’est l’absence d’entrée visible pour cette nouvelle construction.
Ce qui est le plus remarquable de l’extérieur, c’est l’absence d’entrée visible pour cette nouvelle construction.
Cette architecture contemporaine n’est
qu’une extension du bâtiment baroque à l’enduit jaune : le
musée de l’Histoire de Berlin. celle-ci
se trouve dans le bâtiment baroque voisin et n’a rien de commun
avec le modèle attendu de l’entrée du musée, espace souvent
majestueux, vaste et lumineux ; au contraire c’est ici une petite
entrée étroite et sombre par laquelle le spectateur descend 12
mètres sous terre et débute de cette façon très particulière la
visite du musée, visite aux allures d’épreuve pour le corps comme
pour l’esprit. Il
faut passer par le passé pour accéder au nouveau. L’architecture
du musée est conçue selon 3 axes (ou 3 lignes) principaux situés
au sous-sol du bâtiment : axe de la continuité, axe de la mort, axe
de l’exil.
-L'axe de la continuité [de
la présence juive en Allemagne
conduit à un escalier étroit et très long nommé
l’Échelle de Jacob
dont l'ascension est éprouvante pour le spectateur qui accède au
terme de cette ascension aux salles du musée qui se trouvent donc à
l'étage.
Parallèlement
à l'axe de la continuité Daniel LIBESKIND a voulu consacrer des
espaces à l'absence
du peuple juif en Allemagne, absence consécutive à l'Holocauste et
à l'Exil qu'il représente grâce à six tours de béton qui
prennent place tout au long du bâtiment et qu'il appelle "les
Vides". Ces tours,
pour cinq d'entre elles, ne contiennent rien que du vide et il est
impossible pour le spectateur d'y pénétrer.
Installation Shalechet de Menashe Kadishman |
Tour de l'Holocauste |
-L’axe
de la Mort est
un couloir étroit aux murs et au sol penchés qui débouche sur une
porte, un gardien ouvre la porte et fait pénétrer le spectateur
dans un autre espace : la Tour de l’Holocauste, tour de béton brut
seulement éclairée par une maigre entaille à son sommet, espace
sombre et froid symbolisant
la mort du peuple juif.
-
L’axe de l’Exil débouche
sur le Jardin de l’Exil, situé à l’extérieur du musée. 49
piliers au sommet desquels sont plantés 49 oliviers, figures
du déracinement, de l’arrachement à sa terre natale que connaît
chaque exilé.
Jardin de l'Exil |
Le
sol du jardin est penché de telle manière que le visiteur est
désorienté et déstabilisé à chaque pas, il est en perte de
repères comme l’est toute personne exilée contrainte de vivre
dans un univers qui n’est pas le sien. Le
Jardin de l’Exil est un espace à ciel ouvert mais il est clôturé
par des murs très hauts et il est donc impossible d'en sortir. Cette
sortie à l’air libre n’est alors qu’un semblant d’accès à
la liberté, le
spectateur ne peut que pénétrer de nouveau dans le musée après
avoir visité le jardin, ainsi Daniel LIBESKIND signifie que l’exil
puisqu’il n’est pas choisi mais forcé est une sorte de prison.
Depuis septembre 2001 le musée
offre 3017,42m2 d'espace d'exposition permanente pour retracer 2 000
ans de présence de la culture juive en Allemagne. Des objets d'art,
pour certains uniques, des lettres, des objets de la vie courante,
des objets du culte en relation directe avec des éléments
multimédia, des dessins d'enfants remplissent largement cet espace.
Les scénographes
veulent faire sentir la richesse de cette culture, sa diversité,
mais aussi l'ampleur du choc qu'a représenté le nazisme allemand
pour cette communauté. Il
met donc en scène plus particulièrement la destinée tragique qu'a
été celle du peuple juif au cours de la seconde guerre mondiale.
D. Libeskind intitule son projet
d'architecture "between the lines" (entre les lignes), la
LIGNE
est l'élément principal grâce auquel il conçoit son projet, cette
ligne
est celle de l'histoire du peuple juif dont on pourrait situer
l'origine dans les écrits de l'Ancien Testament et qui file au
travers les siècles de l'Histoire pour se briser et se distordre de
façon extrêmement violente au moment de la deuxième guerre
mondiale.
plan de Daniel Libeskind pour le Musée juif |
En
effet Daniel LIBESKIND a conçu son architecture à l'image de
l'histoire récente des juifs : une histoire faite de cassures, de
ruptures, de violence ; autant de notions historiques que
l'architecte s'est attaché à traduire concrètement et
plastiquement en créant pour ce musée une architecture faite de
cassures, de ruptures, de violence et de vides.
Beaucoup plus qu'une visite de
musée, le passage par le Musée Juif est quelque chose comme une
épreuve. L'interpellation physique voulue par l'architecte, suscite
inévitablement émotion et réflexion. Tout ici est voulu, pensé,
mesuré, en fonction du but souhaité. Le gris, le métal brut, le
béton, les lignes brisées, la lumière froide, les angles aigus, ne
sont pas agréables à l'œil, ils ne flattent pas la corde sensible
du spectateur, ils ne sont pas complaisants. Le bâtiment n'est pas
beau au sens classique du terme, il est agressif, déroutant. On a là
une démarche qui ne cherche pas à séduire, à faire plaisir, mais
bien plutôt à agresser, bousculer, surprendre, pour mieux forcer le
spectateur à se projeter dans un autre univers.
Le Musée Juif
apparaît ainsi comme un voyage initiatique au sein de l'histoire du
peuple juif dont on ne sort pas indemne. (...) Les décisions
architecturales (de Daniel LIBESKIND), en provoquant le malaise, font
vibrer l'esprit à l'unisson du corps, induisant ainsi chez le
visiteur déstabilisé la confrontation brutale avec l'absence, le
vide, la mort.
Daniel Libeskind est né en Pologne en 1946,
a vécu en Israël, à New York, Londres, Berlin… Depuis toujours,
David Libeskind mène une vie nomade qui a forgé son esprit vif et
bouillonnant. Retour sur le parcours d'un architecte qui tente de
concilier poids de l'histoire et vision positive de l'avenir.
Américain d'origine juive polonaise, architecte de renommée
internationale, Daniel Libeskind s'est fait connaître avec le Musée
juif de Berlin. Il a depuis remporté le concours pour la reconstruction du World Trade Center.
projet de reconstruction pour le World Trade Center |
Dans chacune de ses réalisations transparaissent les valeurs
d'humanisme, de liberté et de démocratie, notamment à travers des
jeux de formes et de lumières.
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