Portrait d'Uccello par un anonyme du XVIe siècle |
Paolo Ucello est né et a vécu à Florence. Passionné de perspective, il en maîtrise parfaitement les règles. Son goût du raccourci donne parfois un caractère fantastique et peu réaliste à ses œuvres. Son surnom « Uccello », qui veut dire
« oiseau », est dû à son caractère étourdi et obsessionnel.
Ses œuvres importantes : « La bataille de San Romano », un triptyque désormais dispersé (un panneau à Florence, un à Londres et le dernier à Paris) et la fresque du « Monument équestre de Giovanni Acuto » à Florence.
Paolo Ucello, La Bataille de San Romano, 1435
Paolo Uccello, Monument équestre à Giovanni Acuto,1436 |
Paolo Ucello St Georges et le Dragon, vers 1470, détrempe sur bois, 52 cm × 90 cm, National Gallery, Londres, Angleterre |
Le sujet : C’est l’histoire d’un chevalier, Saint-Georges, envoyé par Dieu pour combattre un dragon et libérer la princesse de Trébizonde (ville païenne de Libye), qui fut offerte en sacrifice. Saint-Georges blesse le dragon, libère la princesse et convertit la ville au christianisme. Cette histoire est tirée de La Légende dorée, écrite par Jacques de Voragine au XIII° siècle à partir de
récits plus anciens. Uccello a peint ce sujet trois fois (l’un des tableaux, avec le dragon dressé surses pattes, est conservé au musée Jacquemart-André à Paris, l’autre est à Melbourne en Australie).
Paolo Ucello St Georges et le Dragon, entre 1458-60, 52 cm × 90 cm, Musée Jacquemart-André, Paris |
Description : Le dragon sort de la caverne avec sa prisonnière qui ne paraît pas effrayée, sûre de la victoire de Saint-Georges. Celui-ci ne frappe le dragon qu’une seule fois avec sa lance et le blesse (du sang coule sur le sol).
Le décor et la représentation de l’espace : La caverne ne semble pas réaliste, elle fait penser aux rochers artificiels des zoos ou des décors de théâtre. A cette époque, les peintres représentaient les montagnes et les cavernes de cette façon en prenant pour modèles les décors de fêtes, des spectacles de rues, ainsi le public les reconnaissait plus facilement et cela renforçait la dramatisation de l’histoire. Il fait jour et pourtant on voit la lune... le tableau est construit sur l’idée de contraste et d’opposition (le bien et le mal), le combat représenté se déroule à la fois la nuit et le jour, le ciel est bleu mais un croissant de lune apparaît au-dessus de Saint-Georges. La masse des rochers s’oppose à la puissante envolée des nuages qui roulent derrière Saint-Georges. Ce paysage n’existe pas et semble d’ailleurs peu naturel, il est construit de toutes pièces grâce à la technique de la perspective que Paolo Uccello est un des premiers peintres à maîtriser.
Profondeur : Le tableau est construit selon 3 plans distincts : le 1° plan avec les 3 personnages, le 2° plan avec la caverne et les nuages et l’arrière-plan avec la plaine et les montagnes au milieu de l’image. les plaques d’herbe au sol ressemblent à du carrelage et montrent la construction de l’espace grâce aux lignes de fuites qui convergent vers la ligne d’horizon.
Interprétations : Les images peintes à cette époque ne devaient pas seulement plaire, elles devaient également rappeler aux gens leurs devoirs de chrétiens. Cette image est très symbolique et évoque la lutte du bien (le chevalier) contre le mal (le dragon). Le cheval blanc de Saint-Georges vient combattre les ombres de la caverne. La princesse est le symbole de l’âme humaine que se disputent le bien est le mal, elle tient le dragon en laisse, ce qui peut paraître surprenant mais c’est une manière de montrer la puissance du chevalier, le dragon se rend et ne combat même pas. Les cercles colorés sur les ailes du dragon font penser aux dessins que certaines espèces arborent pour tromper leurs ennemis (les papillons) en leur faisant croire qu’ils s’agit d’yeux gigantesques et révèlent la duplicité du mal, on ne peut se fier à son apparence. Même si Saint-Georges gagne le combat, il ne peut tuer le dragon, ce qui signifierait que le mal disparaît de la terre, ce qui est impossible. On peut résister, contourner, fuir ou faire reculer le mal mais on ne parvient pas à le supprimer définitivement. C’est le message de cette peinture : s’ils veulent sauver leur âme, les gens doivent se battre contre le démon en permanence.
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